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Les territoires de vie font face à des défis de taille en Amérique latine : diagnostic de la 3ème Assemblée régionale du réseau APAC d’Amérique latine

En la Asamblea que se llevó a cabo en Costa Rica, los representantes identificaron las principales amenazas a los Territorios de Vida en la región. Así mismo, identificaron posibles soluciones y esperanzas para el futuro

First published on 02/03/2023, and last updated on 04/11/2023

Partagé par le Consortium APAC
Traduction : Patricia Iacob et Mathilde Craker.
Crédit photos : Gaspar Garros Marambio/ Costa Humboldt


D’un point de vue général, la situation des territoires de vie en Amérique latine n’est pas très encourageante.

Selon les expériences partagées lors du premier jour de la 3ème Assemblée du Réseau APAC d’Amérique latine, on observe un manque de garanties pour la défense des territoires, des Peuples Autochtones et des communautés locales dans tous les pays de la région.

Les Peuples Autochtones et les communautés locales sont menacés, à la fois par les institutions étatiques et par les entreprises transnationales impliquées dans l’extractivisme minier et pétrolier, l’agrobusiness, la monoculture, l’exploitation minière artisanale illégale (« garimpo » en portugais), la pêche industrielle, les projets hydroélectriques et les mégaprojets routiers, entre autres développements qui détruisent la biodiversité et génèrent des conflits au sein des territoires de vie.

Télécharger: Déclaration de Tárcoles : réseau des territoires de vie – APAC Amérique latine

Les présentations ont notamment montré que les communautés du Guatemala sont affectées par la culture des palmiers à huile, qu’au Chili la lutte se fait contre l’industrie du saumon, tandis qu’en Équateur et en Bolivie, les politiques d’extractivisme favorisent les concessions minières.

Au Nicaragua, les Peuples Autochtones et les communautés locales sont affectés par la pêche des tortues, des crevettes et la collecte d’écailles et d’autres éléments de la nature. Pourtant, la loi d’autonomie no445 reconnaît les droits de propriété communautaires dans les Caraïbes, sur terre et en mer, mais ces lois n’existent que sur le papier.

Dans des pays comme le Paraguay, disposant d’un bon cadre juridique qui garantit la consultation libre, informée et préalable, l’avancée de l’agrobusiness n’est pas freinée pour autant. Les années 2019, 2020 et 2021 ont vu exploser les taux d’expulsions de populations.

Pendant ce temps, les organisations du réseau APAC Chili ont signalé que leur état ne reconnaît pas les droits des Peuples Autochtones. La Confédération mapuche de Neuquén, du réseau APAC Argentine, a dénoncé le fait que les territoires sont affectés par les projets de « deux passages internationaux », promus par les états chilien et argentin, implantés près de territoires sacrés. De même, les mégaprojets hydroélectriques, miniers et immobiliers détruisent l’habitat des territoires de vie de Patagonie, qui avaient été conservés et gardés presque intacts grâce aux Peuples Autochtones.

Le Brésil, pour sa part, a dénoncé l’urgence humanitaire qui affecte le Peuple Yanomami en Amazonie. Les représentant.e.s brésilien.ne.s espèrent toutefois qu’avec le changement de gouvernement, de meilleures conditions de vie pour les Peuples Autochtones et les communautés locales en général puissent être envisagées.

Malgré ces sombres perspectives, les territoires de vie d’Amérique latine défendent leur droit d’exister et de continuer à exercer leur autonomie et leur auto-détermination, ainsi que conserver leur propre culture, leurs moyens de subsistance et leurs formes de gouvernance. Ils défendent leurs territoires de vie grâce à des stratégies des plus variées, créatives et collaboratives. C’est pourquoi la communion des territoires de vie d’Amérique latine et l’existence du Consortium APAC mondial sont importantes.

La croissance des réseaux nationaux de territoires de vie est une nécessité évidente pour consolider les stratégies qui leur permettent de protéger leurs modes de vie, de récupérer leur souveraineté alimentaire, de maintenir la biodiversité et d’exiger le respect de leurs droits, reconnus dans des accords internationaux tels que la Convention sur la diversité biologique, la Convention n° 169 de l’OIT relative aux peuples indigènes et tribaux, entre autres.

Tout en dénonçant la fragilisation de leurs droits, les représentant.e.s ont exprimé leur décision de dialoguer avec les instances gouvernementales et d’insister sur la création de politiques publiques qui soutiennent les territoires de vie. Ils ont également revendiqué la contribution des Peuples Autochtones et des communautés locales à la protection de la vie sur la planète Terre.

Selon Albert Chan Dzul, Coordinateur de la sous-région mésoaméricaine, deux projets sont mis en œuvre au Mexique en partenariat avec le monde universitaire : l’un vise au renforcement de la souveraineté alimentaire et l’autre à la désescalade des conflits environnementaux. Ils sont également impliqués dans des initiatives visant à soutenir les territoires marins et côtiers, directement auprès des communautés.

En Équateur, en plus de soutenir les luttes et de renforcer les gouvernements locaux du territoire, les défis sont axés sur : la production de leur propre documentation, cartographie et enregistrement ; la création de rapports systématiques (annuels) sur la situation des territoires de vie dans le pays ; la documentation des violations des droits humains, collectifs et de la nature.

Ainsi, chaque participant.e a partagé son expérience de la défense de ses territoires et de la nécessité de travailler en réseau dans le respect et l’autonomie, afin de protéger la VIE. La première journée de de la 3ème Assemblée du réseau APAC d’Amérique latine a rendu visible la difficile situation des territoires de vie, l’intérêt de renforcer les réseaux nationaux ainsi que la nécessité de maintenir le soutien et le lien entre les membres du réseau APAC d’Amérique latine et le Consortium APAC mondial.

Les quatorze pays faisant partie du réseau APAC Amérique latine ont participé à l’événement :

  • Sous-région Mésoamérique : Costa Rica, Guatemala, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama.
  • Sous-région Cône sud : Argentine, Chili, Paraguay.
  • Sous-région amazonienne : Brésil, Bolivie, Colombie, Équateur, Pérou.