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La pêche artisanale à la Conférence des Nations Unies sur les océans 2022

Lors de la récente Conférence des Nations Unies sur les océans à Lisbonne, au Portugal, le Consortium APAC a soutenu la participation de plusieurs organisations Membres, de pêcheurs et de représentants de communautés autochtones et locales. Vivienne Solís Rivera et Marvin Fonseca (Coopesolidar R.L, Membre du Consortium APAC) raconte comment les participants des communautés autochtones et locales ont largement contribué, lors de la conférence, à une meilleure reconnaissance de leurs droits et une conservation plus holistique des océans

Sur cette photo, on peut voir quelques-uns des pêcheurs et des dirigeants communautaires des territoires côtiers et insulaires de la vie qui ont participé à la ONU Conférence sur les océans 2022 à Lisbonne, au Portugal. (De gauche à droite) Rolando Ramirez, Felicito Nuñez, Alfonso Simón Raylan, Aaron Chacon, Maria Carrillo et Josefina Mata Ceja. Le Consortium APAC a soutenu diverses organisations membres, des pêcheurs et des représentants de communautés autochtones et locales pour participer à la conférence. Photo : Mohammad Arju

First published on 09/02/2022

De Vivienne Solís Rivera et Marvin Fonseca
CoopeSoliDar R.L. (Membre du Consortium APAC)


Avant de vous faire part de notre expérience et de nos réflexions sur la Conférence des Nations Unies sur les océans, nous aimerions vous transmettre quelques informations sur nos efforts de collaboration avec les pêcheurs des communautés locales et autochtones de la région méso-américaine.

Au nom du Consortium APAC, CoopeSoliDar R.L  a coordonné la participation des pécheurs, femmes et hommes, des Peuples Autochtones et des communautés locales lors de la Conférence des Nations Unies sur les océans.

CoopeSoliDar R.L et les territoires de vie aquatiques de la région méso-américaine.

CoopeSoliDar R.L. est une coopérative qui travaille sur les questions de conservation marine et de droits humains. Depuis 22 ans, elle contribue à renforcer les capacités des Peuples Autochtones et des communautés locales dans la région méso-américaine.

La voix des pêcheurs de Gnobe Bugle pour la défense de leur territoire de vie marin.

La coopérative et ses associés ont accompagné les luttes du Consortium APAC depuis sa création, en soutenant la reconnaissance, le renforcement et la défense des territoires de vie continentaux et marins. Il y a deux ans, CoopeSoliDar R.L. est devenu un Membre officiel du Consortium et l’organisation prend part activement au réseau APAC Méso-Amérique depuis.

Par ailleurs, CoopeSoliDar R.L. a également largement participé à de nombreux forums régionaux et internationaux, ce qui a renforcé les voix des acteurs locaux pour la défense des droits humains et la conservation de la biodiversité.

Économie bleue

En amont de la participation de la coopérative et de ses alliés à Lisbonne, un travail important a été réalisé, d’abord virtuellement puis en personne, afin que la région méso-américaine parle d’une seule voix pour les hommes et les femmes du monde de la pêche artisanale, et que cette voix puisse s’allier à celles d’autres personnes et d’autres régions du monde, comme l’Afrique et l’Asie. Ce processus est né du fait que la voix essentielle de ce secteur artisanal avait été absente des conversations relatives au milieu marin et côtier lors de la réunion de la CDB à Genève, quelques mois auparavant.

Pourquoi avons-nous participé à la Conférence de l’ONU sur les océans ?

Dans le cadre de l’UNOC à Lisbonne, la participation de CoopeSoliDar R.L. s’est articulée autour de quatre stratégies principales :

  1. Renforcer la défense d’une vision fondée sur les droits humains et d’une approche écosystémique dans le cadre mondial de la biodiversité et sur les questions d’utilisation durable de la mer et de ses ressources, en participant aux événements parallèles de la FAO et de la CDB.
  2. Intégrer à la discussion les leçons tirées de l’expérience costaricaine sur les impacts du 30 x 30 sur les communautés de pêcheurs artisanaux issus des Peuples Autochtones et des communautés locales. Cela s’est fait par le biais de notre participation active et de celles des mouvements pour l’environnement aux événements parallèles de RISE UP.
  3. Promouvoir la participation des hommes et des femmes pêcheurs issus des Peuples Autochtones et des communautés locales de la région méso-américaine pour renforcer la défense de leurs droits dans le cadre des discussions sur l’économie bleue et promouvoir leur contact avec les représentants officiels de leurs pays pour influencer les discussions de la réunion. À cette fin, nous avons pu organiser la participation active de 7 représentants des territoires de vie marins de la région grâce à la Fondation Packard, au Consortium APAC, à Blue Ventures et à EDF SSF Hub.
  4. Présenter au forum de l’UNOC les principaux besoins du secteur de la pêche artisanale par le biais d’un appel à l’action présenté lors des événements parallèles à la Conférence.

Le manque d’opportunités pour la pêche artisanale

Photo : CoopeSoliDar R.L.

L’UNOC a sans aucun doute rassemblé un grand nombre de secteurs aux intérêts très divers, parmi lesquels la présence majoritaire d’organisations non gouvernementales orientées vers la conservation marine (ONG environnementales). Peu d’espaces ont été adaptés et conçus pour promouvoir la participation des communautés locales et des Peuples Autochtones, ce qui a rendu difficile leur participation directe, même dans les dialogues et les espaces qui avaient soi-disant été créés pour faire entendre leurs voix.

Nous avons constaté un effort évident de la part des délégations de femmes et hommes de la pêche venant d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et du Pacifique, et des organisations qui les accompagnent, pour promouvoir et renforcer l’audience de leur appel à l’action et faire entendre leurs voix dans les différents espaces formels et informels de la Conférence, comme en témoigne l’importante couverture médiatique et la mention finale sur la nécessité de considérer ce secteur comme un acteur fondamental dans les décisions de la Décennie des Océans.

D’un point de vue plus technique, CoopeSoliDar R.L. a réussi à positionner sa vision sur les questions de droits humains, de gouvernance, de connaissances traditionnelles et d’équité de genre, ce qui a permis un équilibre important face aux positions plus radicales, économiques ou environnementales. La participation de représentants méso-américains a permis de renforcer les capacités, ce qui a été clairement mis en évidence dans le travail et la motivation des leaders qui ont participé, ainsi que dans leur travail à l’issue de la Conférence. Certains se préparent maintenant pour participer aux réunions de la COFI 35 à Rome.

De notre point de vue, nous avons également réussi à donner un nouvel élan et à renforcer la relation entre les mouvements de pêche artisanale d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et du Pacifique, où la Méso-Amérique est clairement incluse et positionnée. Cette question est importante dans la mesure où nous avons réussi à élaborer notre propre agenda post-UNOC, qui constitue aujourd’hui une feuille de route fondamentale dans la lutte pour une approche de la conservation et du développement du milieu marin fondée sur les droits humains.

De nombreux éléments présents lors de la Conférence s’ajoutent à ceux que nous connaissions déjà et nous amènent à considérer l’objectif 30 x 30 comme un risque, si des garde-fous ne sont pas mis en place pour garantir le consentement libre, informé et préalable et les droits souverains des communautés locales et autochtones de pêcheurs qui seront affectés par cette mesure de conservation marine.

Il semble que ce sont les ONG environnementales, les entreprises privées, les gouvernements et la coalition du 30 x 30, clairement orientés vers le concept d’économie bleue, qui définissent l’agenda mondial en termes de conservation et de développement des océans, ce qui constitue une menace évidente pour les modes de vie et les territoires de vie marins défendus par les femmes et les hommes du monde de la pêche artisanale sur toute la planète. Il est clair que dans ce contexte, l’appel à l’action est fondamental pour l’avenir, et le Consortium APAC devrait soutenir cette position, une fois qu’elle aura été débattue et discutée par les Membres.

Traduction : Rachel Babin et Gaëlle Le Gauyer.