Les Adivasis de Bastar protègent leurs forêts riches en biodiversité, situées dans l'État du Chhattisgarh, en Inde. Leurs connaissances traditionnelles et leur patrimoine culturel ont permis de préserver l'écologie de la région pendant des générations
First published on 07/03/2025
Partagé par le Consortium APAC
Un grand nombre d’organisations et de personnes ont récemment publié une déclaration de solidarité qui condamne l’escalade de la violence étatique à l’encontre des communautés autochtones Adivasis de la région de Bastar, en Inde. La déclaration affirme que « le gouvernement indien et ses forces de sécurité » intensifient la violence contre « les communautés autochtones Adivasis de la division de Bastar, dans l’État du Chhattisgarh, dans le centre de l’Inde ».
La déclaration a été lancée par InSAF India et d’autres organisations partenaires et signée par plus de cinquante organisations de défense des droits humains, de la justice climatique et de la société civile, ainsi que par 130 personnes à travers le monde.
Alerte : en Inde, les communautés Adivasis de Bastar font face à une violence étatique croissante, dans leur résistance à l’accaparement des terres et à l’exploitation minière destructrice
La déclaration indique que le gouvernement indien autorise les industries extractives à empiéter sur les terres des Adivasis de façon constante. Motivées par le profit, ces entreprises minières opèrent dans le cadre de partenariats public-privé et prétextent agir pour le développement. Elles se sont heurtées à une résistance puissante des Adivasis.
« Cette escalade de violence souligne la négation totale des droits humains universellement reconnus par le gouvernement indien, dans une région riche en ressources, qui se caractérise par une longue histoire de déplacements forcés, de pillages et d’appropriations illégales et injustifiées des terres des Adivasis, ainsi que par une militarisation intensive » .
Un communiqué de presse envoyé par InSAF India, associé à la déclaration, mentionne que la région « connaît une militarisation sans précédent dans le cadre de l’opération Kagar, une campagne de contre-insurrection menée par l’État indien ».
- Lien vers le communiqué de presse (fichier PDF, en anglais uniquement)
- Lien vers la déclaration (fichier PDF) (en anglais uniquement)
La déclaration réaffirme qu’il faut mettre immédiatement fin à la violence étatique, démilitariser le Bastar, appliquer les protections constitutionnelles accordées aux communautés Adivasis, suspendre toutes les acquisitions foncières réalisées en l’absence du consentement libre, préalable et éclairé des populations concernées, protéger les défenseurs des droits humains autochtones et garantir que tous les auteurs de violations des droits humains et du droit international doivent rendre des comptes.
InSAF India a indiqué que la déclaration internationale avait été lancée pour signature en novembre 2024. Depuis lors, la violence étatique n’a cessé de s’intensifier, avec une augmentation exponentielle du nombre de personnes tuées et des autres violations des droits humains.
Nous partageons ci-dessous l’appel à l’action lancé dans la déclaration (sans modification) :
Ce qui se déroule à Bastar n’est pas simplement un conflit territorial ou une insurrection, c’est une lutte pour la survie, la dignité et la reconnaissance des droits autochtones face à la violence de l’État et à la cupidité des entreprises.
Nous n’utilisons pas ces mots à la légère. La situation à Bastar requiert une action immédiate et décisive. Les peuples du monde entier doivent agir maintenant pour mettre fin au cycle de la répression et faire en sorte que les voix des communautés Adivasis soient entendues et respectées. Le silence face aux atrocités commises par le gouvernement indien rendrait le monde complice de l’effacement des communautés autochtones de cette région.
Nous appelons donc les peuples du monde entier à exiger :
La cessation immédiate des violences étatiques : exigez la fin immédiate de toutes les formes de violences étatiques contre les communautés Adivasis de Bastar, y compris les exécutions extrajudiciaires, les arrestations arbitraires et la torture. Les violences actuelles, perpétrées au nom de la lutte contre l’insurrection, doivent cesser immédiatement et les responsables des violations des droits humains doivent être traduits en justice.
La démilitarisation de Bastar : appelez à la démilitarisation urgente de Bastar et au démantèlement des camps militaires dans la région. La militarisation intensive, qui a transformé Bastar en l’une des zones les plus militarisées au monde, est une dynamique qui doit être stoppée et inversée. Le gouvernement indien doit donner la priorité au dialogue pacifique et à une démarche politique de contact avec les communautés Adivasis plutôt qu’aux mesures militaires et sécuritaires. Les revendications légitimes des Adivasis en matière d’autonomie, de droits fonciers et d’autodétermination doivent être satisfaites par des solutions politiques et non par la violence.
Le respect des décisions de la Cour suprême : exigez que le gouvernement indien respecte pleinement la décision de la Cour suprême de 2011 qui interdit le recrutement de jeunes Adivasis pour des opérations militaires. Cette pratique est contraire au droit national et international.
Le respect des garanties constitutionnelles et juridiques : exiger la pleine application des garanties constitutionnelles et juridiques accordées aux communautés Adivasis, notamment la loi FRA sur les droits forestiers, la loi PESA sur les panchayats (extension aux zones répertoriées) et l’annexe V, afin de protéger les terres Adivasis contre la prise de possession de terres par l’État et les entreprises.
La fin de l’accaparement des terres et le respect du principe du consentement libre, préalable et éclairé (FPIC) : le gouvernement indien doit mettre fin à tous les projets d’acquisition de terres autochtones à des fins militaires, minières ou industrielles sans le consentement libre, préalable et éclairé (FPIC, pour son sigle en anglais) des communautés Adivasis concernées. Toute utilisation des terres doit être subordonnée au consentement des Adivasis, sans aucune contrainte. Cela inclut le projet d’acquisition de 54.543 hectares de la forêt d’Abujhmad pour un terrain d’entraînement militaire.
La protection des défenseurs des droits humains et des militants : exigez la protection des défenseurs des droits humains Adivasis contre les menaces, les arrestations et le harcèlement. Il faut mettre fin à la détention illégale de militants, y compris les membres de Moolvasi Bachao Manch et Maad Bachao Manch, et cesser la répression des mouvements autochtones.La responsabilité relative aux violations des droits humains et du droit international : tenez le gouvernement indien responsable des violations du droit international et des droits humains dans le Bastar, notamment l’utilisation de drones de surveillance, de bombardements au mortier et d’opérations militaires qui causent des dommages écologiques et des pertes en vies humaines. Les responsables doivent être traduits en justice.