Categories Les APAC et la pandémie de COVID-19, Politique d'Alerte

Alerte : La compagnie pétrolière GeoPark expose le peuple autochtone Wampis au risque d’une propagation du COVID-19 et menace la préservation du territoire.

First published on 06/08/2020, and last updated on 06/12/2020

Le 1er Juin 2020, le Gouvernement Territorial Autonome de la Nation Wampis (GTANW) a annoncé que des actions en justice ont été intentées contre la compagnie pétrolière GeoPark qui, du fait de ses activités dans le nord de l’Amazonie péruvienne, expose les peuples autochtones au risque d’une contamination au COVID-19. Le GTANW, qui représente 85 communautés Wampis et dont les territoires s’étendent le long des rivières Kanus (Santiago) et Kankaim (Morona), est également Membre du Consortium APAC.

Le Consortium APAC émet cette alerte car les activités de GeoPark constituent une menace imminente pour les droits humains, la préservation de l’environnement, et peuvent accélérer la propagation du COVID-19 au sein des communautés Wampis. Depuis toujours, la Nation Wampis s’est employée à préserver, défendre et faire perdurer son territoire de 1.3 million d’hectares dans la forêt amazonienne. Ce n’est pas un hasard si la biodiversité qui subsiste dans le monde se trouve en majeure partie dans les territoires des peuples autochtones tels que la Nation Wampis. Ils incarnent ces visions du monde, valeurs et modes de vie qui peuvent et devraient guider le reste de l’humanité vers des chemins plus respectueux de l’environnement, plus pacifiques et plus durables pour les générations futures. A l’heure où les crises climatiques et écologiques et la pandémie mondiale sont intimement liées, il est essentiel que nous aidions la Terre Mère à guérir, au lieu de l’exploiter davantage.

En 2014, alors que la société GeoPark détient déjà plusieurs exploitations dans différents pays d’Amérique Latine, le gouvernement péruvien lui cède la concession pétrolière 64. Cette concession de 761 501 hectares chevauche les territoires Wampis et Achuar, qui en subiront directement les conséquences. Le projet d’extraction pétrolière de la concession 64 implique non seulement l’extraction du pétrole brut, mais aussi son transport par oléoduc et bateaux via la rivière Morona, traversant ainsi les territoires Wampis. En cas de fuites pétrolières dans la rivière, plus de 20 communautés Wampis seraient contaminées. Dès le départ, le GTANW s’est opposé à l’intégralité du projet de façon constante. Aucune étude d’impact environnemental n’a été validée, et GeoPark ne détient pas de permis d’exploitation des ressources. Malgré cela, la société a installé sa base d’exploitation au sein d’une garnison de l’armée péruvienne située sur la rivière Morona, à l’intérieur même du territoire Wampis. Ces exploitations industrielles militarisées constitue également une véritable menace pour la population féminine, car elles favorisent les violences sexuelles à l’encontre des femmes et jeunes filles. On présume que la présence illégale de GeoPark sur ces territoires est une tentative d’intimidation, pour semer la terreur, créer un climat de division sociale et saper la lutte des Wampis et Achuar pour leur autonomie. Elle n’y parviendra pas.

 

A gauche : Carte du Pérou et localisation du territoire intégral de la nation Wampis. A droite : Carte du territoire intégral de la nation Wampis.

EN SAVOIR PLUS: “El Lote 64 – Un mundo de conflictos” par Peru Equidad (en espagnol uniquement).

D’autre part, en raison de la présence illégale de GeoPark et de ses activités, le risque de propagation du COVID-19 au sein des communautés Wampis installées le long de la rivière Morona est d’autant plus élevé. Alors qu’il s’agit d’une infraction indéniable aux décrets publiés par le gouvernement péruvien, qui interdit les activités économiques non-essentielles, les employés de GeoPark sont restés en territoire Wampis pendant l’état d’urgence. En outre, les bateaux de la société transportant personnel et denrées alimentaires ont effectués des allers-retours entre la base d’exploitation de la société et San Lorenzo, une petite ville qui a signalé plus de 100 cas confirmés de COVID-19. Les peuples autochtones habitant les zones les plus reculées sont particulièrement vulnérables au COVID-19, à cause de la difficulté d’accès aux soins d’urgence, et notamment à des respirateurs. Comme ce sont les personnes âgées qui sont le plus sévèrement touchées par le virus, la situation est d’autant plus préoccupante, car les autochtones les plus touchés sont les anciens et les détenteurs de savoir, qui contractent le virus rapidement et y succombent.

 

Des membres de la nation Wampis en route pour expulser des orpailleurs illégaux en 2016 © Jacob Balzani-Lööv

 

Le GTANW a déposé une plainte au Bureau du Procureur des affaires criminelles à l’encontre de GeoPark pour sa présence illégale sur le territoire Wampis. Le GTANW espère ainsi que le gouvernement péruvien renforcera sa réglementation relative au respect de la quarantaine et préservera les droits à la santé des peuples autochtones, en empêchant GeoPark de propager le virus. Le GTANW exige que GeoPark stoppe ses activités et quitte le territoire Wampis immédiatement et définitivement. La menace qui pèse sur le territoire de la Nation Wampis ne se limite pas à la pandémie, car elle est bien une conséquence du projet de GeoPark dans son intégralité.

Le Consortium APAC soutient pleinement les requêtes du GTANW. Nous demandons que :

  • Le gouvernement péruvien prenne ses responsabilités de protéger et de respecter les droits des peuples autochtones, en leur garantissant notamment un environnement sécurisé et sain, et réponde aux revendications de la Nation Wampis en stoppant toute activité allant à l’encontre de la préservation de l’environnement sur leur territoire, et en particulier les projets d’exploitation pétrolière de GeoPark.
  • Le gouvernement chilien, où se trouve le siège social de GeoPark, respecte ses obligations extraterritoriales en matière de droits humains, en adoptant des mesures immédiates pour s’assurer que les opérations de la société n’impactent pas défavorablement les droits de la Nation Wampis.
  • Nos Membres et Membres Honoraires des 80 pays à travers le monde affirment leur soutien et agissent en faveur des Nations Wampis et Achuar, qui revendiquent leur droit à l’autodétermination et l’autonomie et défendent leurs territoires contre les industries destructrices.
  • Les Organisations de défense des droits humains et environnementaux, ainsi que les citoyens engagés soutiennent la lutte de la Nation Wampis pour défendre leur territoire.

 

Agissez pour soutenir les Wampis et Achuar et renseignez-vous sur le site : https://nacionwampis.com/atsa-geoparkka.

#AtsaGeoparkka #StandWithWampis

La rivière Morona est une source de vie pour plus de 20 communautés Wampis © Thomas Niederberger.

Image de couverture : Viviana Tsamaraen, leader wampis, lors d’un sommet en 2017 © GTANW / Kathia Carrillo.