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Nouvel article de PARKS : Impacts et réponses au COVID-19 parmi les Peuples Autochtones et communautés locales

(Left) A Maya Ch’or; woman sells her product in a local market in Guatemala © Teodoro González. COMUNDICH-Guatemala. (Right) A community health worker teaches handwashing, Madagascar © Blue Ventures

First published on 03/26/2021, and last updated on 09/21/2023

Une étude collaborative de l’Université de Lausanne et du Consortium APAC révèle comment la pandémie de la COVID-19 affecte les Peuples Autochtones et les communautés locales

Par Gretchen Walters (Membre d’Honneur du Consortium APAC), Université de Lausanne
Samir Laouadi, Université de Lausanne; et
Thomas Niederberger, Coordinateur de la recherche et des publications, Consortium APAC

Une version de ce blog a d’abord été publiée en anglais sur CEESP News.

Une étude collaborative de l’Université de Lausanne et du Consortium APAC, regroupant 16 auteurs de 14 pays du monde entier, révèle comment la pandémie de la COVID-19 affecte les Peuples Autochtones et les communautés locales (IPLC pour l’acronyme anglais), en particulier ceux qui gouvernent, gèrent et conservent leurs terres et leurs eaux (étude disponible en PDF en anglais). Cette situation génère à la fois des effets négatifs et des réponses adaptatives et résilientes de la part des Peuples Autochtones et communautés locales. L’étude en question est publiée dans le journal PARKS: The International Journal of Protected Areas and Conservation.

 

COVID-19, Peuples Autochtones, communautés locales et gouvernance des ressources naturelles

Nous avons étudié l’accès et l’utilisation des ressources naturelles, la solidarité, la prise de décision, le rôle des gouvernements et des Peuples Autochtones et communautés locales dans la gestion de la COVID-19 et l’utilisation de la médecine traditionnelle.

Ces thèmes ont été explorés grâce à l’analyse préliminaire des résultats d’une enquête mondiale en ligne. Celle-ci a recolté 133 réponses provenant de 40 pays différents, en anglais, espagnol et français, grâce à une méthode basée sur des récits . La recherche présente des études de cas approfondies venant du Bénin, des Fidji, de la France, du Gabon, de la Guyane, du Guatemala, de l’Inde et de Madagascar et met en évidence les défis relevés et les opportunités saisies par les Peuples Autochtones et les communautés locales dans la manière de gérer la crise de la COVID-19.L’analyse initiale des enquêtes et des études de cas montre que la COVID-19 a eu un impact différent selon les communautés. Bien qu’il soit impossible de généraliser, de premiers résultats sont apparus concernant les réponses, la résilience et les droits des Peuples Autochtones et des communautés locales dans le contexte de la COVID-19.

Walters et al. 2021

(A) La médecine traditionnelle est souvent considérée comme « très utilisée ». (B) Les histoires concernant la médecine traditionnelle étaient associées à la fierté dans 50% des réponses.

 

Les réponses des Peuples Autochtones et des communautés locales à la COVID-19:

  • Dans de nombreux cas, le gouvernement s’est montré absent ou incapable de réagir rapidement et les communautés et leurs dirigeances ont pris l’initiative pour faire face à la situation. Les dirigeances locales ont pu agir rapidement, malgré le manque d’installations médicales. Les communautés disposant de droits mieux reconnus ont pu réagir rapidement, décidant de se mettre en quarantaine de leur propre gré, avant que les mesures gouvernementales ne soient promulguées.
  • Par ailleurs, la médecine traditionnelle a souvent été utilisée pour faire face à certains symptômes de la COVID-19 (voir la figure ci-dessus).

 

Résilience et droits

  • Les confinements ont eu un effet négatif sur la capacité des Peuples Autochtones et communautés locales à défendre leurs terres, en particulier quand le secteur privé n’était pas restreint et pouvait alors violer les droits des communautés.
  • Les Peuples Autochtones et communautés locales qui peuvent gouverner et accéder à leurs terres et à leurs eaux semblent être plus résilients. Grâce à cet accès, ils ont pu sécuriser des aliments et des remèdes pour eux-mêmes ainsi que pour les étrangers et les émigrants sur le retour qui étaient dans le besoin.
  • L’accès au marché, fortement encouragé par les partisans de la croissance économique, représente à la fois des atouts et des difficultés dans une situation comme celle-ci. Les communautés qui dépendaient fortement des marchés pour acheter et vendre, ou pour l’emploi ont généralement montré moins de résilience.
  • Les communautés vivant à proximité d’aires protégées et conservées qui ont investi dans le tourisme de la faune et de la flore et qui dépendent des revenus apportés par les visiteurs ont maintenant du mal à répondre aux besoins qui étaient auparavant couverts par les droits d’entrée des touristes.

Les résultats soulignent l’importance de l’autonomisation et de la reconnaissance des droits des Peuples Autochtones et des communautés locales. Ces deux aspects clés leur permettent d’utiliser des remèdes traditionnels, de répondre aux besoins de subsistance pendant les périodes de confinement, d’aider les membres de la communauté et les voisins à préserver leurs moyens de subsistance et de gouverner, défendre et conserver leurs territoires.

Ces actions clés peuvent aider les Peuples Autochtones et les communautés locales à faire face aux futures pandémies tout en protégeant leurs terres et leurs eaux :

  • Il faut envisager les réponses aux crises en se basant sur les droits et en donnant la priorité aux droits fonciers et autres droits des communautés qui gouvernent leurs terres et leurs territoires.
  • Les gouvernements et les travailleurs du développement doivent reconnaître et protéger les droits des peuples et des communautés autochtones à gouverner leurs terres et leurs territoires, car c’est là que se trouvent les ressources nécessaires pour faire face aux pandémies (eau, nourriture et remèdes).
  • Les entreprises ne doivent pas utiliser les crises comme prétextes pour cesser de travailler avec les Peuples Autochtones et les communautés locales ou pour s’installer sur leurs terres.
  • Les mesures de réponse à la crise COVID-19 devraient : être conçues conjointement avec les Peuples Autochtones et les communautés locales ; mettre en valeur la diversité de perspectives et d’approches ; et reconnaître les actions que de nombreuses communautés entreprennent de manière indépendante.
  • Les gouvernements et les ONG devraient s’inspirer des succès des Peuples Autochtones et communautés locales face à la COVID-19 et les diffuser ces histoires.
  • Une plus grande diversité de financement est nécessaire pour les initiatives de conservation développées avec les Peuples Autochtones et les communautés locales, avec une priorité accordée au financement direct des APAC et de leurs gardiens.
  • Il est nécessaire d’établir des partenariats à long terme entre les aires protégées et conservées, d’une part, et les peuples et communautés autochtones, d’autre part, afin de garantir que l’accès des communautés aux ressources naturelles ne soit pas menacé en temps de crise.

Une analyse plus approfondie sera effectuée en 2021, en collaboration avec le Consortium APAC.

 

Référence

Gretchen Walters, Neema Pathak Broome, Marina Cracco, Tushar Dash, Nigel Dudley, Silvel Elías, Olivier Hymas, Sangeeta Mangubhai, Vik Mohan, Thomas Niederberger, Christy Achtone Nkollo Kema Kema, Appolinaire Oussou Lio, Njaka Raveloson, June Rubis, S.A.R. Mathieu Toviehou and Nathalie Van Vliet. 2021. COVID-19, Indigenous peoples, local communities and natural resource governance. PARKS 27 (Special Issue), ed. By Brent Mitchell and Adrian Phillips, pp. 57-72. DOI:10.2305/IUCN.CH.2021.PARKS-27-SIGW.en

Image de couverture : (à gauche) Une femme Maya Ch’or vend ses produits sur un marché local au Guatemala © Teodoro González. COMUNDICH-Guatemala.
(A droite) Un agent de santé communautaire enseigne le lavage des mains, Madagascar © Blue Ventures