Les Membres du Consortium APAC élaborent des lignes directrices sur les bonnes pratiques en matière d'aires protégées et conservées dans un volume d'une série publiée par la Commission mondiale des aires protégées de l'UICN
First published on 11/29/2024, and last updated on 12/03/2024
Par Stan Stevens, Membre d’Honneur du Consortium APAC
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a publié un nouveau volume sur les APAC-territoires de vie de la série « Lignes directrices en matière de bonnes pratiques pour les aires protégées et conservées » produite par la Commission mondiale des aires protégées (CMAP). Les Membres du Consortium APAC ont dirigé l’édition et la rédaction du volume sur une période de six ans, en coordination avec le Groupe de spécialistes de la gouvernance, de l’équité et des droits de la CMAP.
Le document « Reconnaître les aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire (APAC) superposées par des aires protégées » peut être téléchargé gratuitement en fichier PDF sur le site de l’UICN, ici (en anglais). Le Consortium APAC publiera un volume complémentaire début 2025 pour apporter une discussion approfondie des points clés ainsi que 50 études de cas et d’autres ressources.
Ce volume fournit des orientations en matière de bonnes pratiques pour reconnaître de manière appropriée les APAC de diverses manières et dans diverses situations, y compris en tant que territoires et aires conservés, aires protégées, « autres mesures de conservation efficaces par zone » (AMCE), et dans les situations où les territoires conservés, les lieux sacrés, les biens communs tels que les forêts communautaires et les aires marines, ainsi que les aires protégées (AP) autochtones et communautaires, sont chevauchés par des aires protégées.
Depuis sa création, le Consortium APAC a plaidé en faveur d’une reconnaissance et d’un respect appropriés des APAC superposées, et tant l’UICN que les Parties à la Convention sur la diversité biologique ont appelé à l’élaboration de lignes directrices en matière de bonnes pratiques.
Reconnaître les APAC superposées – un défi majeur pour la conservation et l’affirmation des droits
Les lignes directrices accordent une attention particulière aux situations dans lesquelles les APAC sont chevauchées par des aires protégées ou risquent de l’être par la création de nouvelles aires ou leur expansion. Il s’agit d’un problème majeur pour de nombreux gardiens d’APAC du monde entier. Du parc national de Sagarmatha (Mt. Everest) dans l’Himalaya népalais au parc national de Yaigoje Apaporis en Amazonie colombienne, un grand nombre (voire la majorité) des aires protégées du monde chevauchent des APAC – territoires de vie. Des milliers d’aires protégées ont été superposées aux territoires, terres et eaux traditionnels des Peuples Autochtones et des communautés locales, y compris les territoires gouvernés et conservés collectivement, les forêts, les pâturages, les eaux marines et intérieures, les lieux sacrés et les aires protégées autochtones et communautaires.
Les APAC – territoires de vie superposées ont souvent été mises à mal par la gouvernance et la gestion des aires protégées. Très peu d’APAC sont reconnues et respectées de manière appropriée. Remédier à cette situation est un défi et une opportunité majeurs pour la conservation mondiale et pour l’affirmation des droits particuliers et différenciés des Peuples Autochtones et des différents types de communautés locales.
Reconnaître, respecter et soutenir les APAC superposées est, par conséquent, essentiel pour faire appliquer le droit et la politique de conservation internationale, y compris pour atteindre plusieurs des objectifs du Cadre mondial de la biodiversité de la CDB (BFF, 2022), en particulier les cibles 3 et 21.
La cible 3 du Cadre mondial prévoit que les objectifs mondiaux de conservation soient atteints grâce à des systèmes équitables d’aires protégées et d’AMCE qui reconnaissent les « territoires autochtones et traditionnels » ainsi que les droits territoriaux et autres des Peuples Autochtones et des communautés locales. La cible 21 appelle à garantir la participation pleine et équitable des Peuples Autochtones et des communautés locales à la prise de décisions relatives à la biodiversité, dans le respect de leurs cultures et de leurs droits, notamment leurs droits sur les territoires, les terres, les ressources et les connaissances traditionnelles (cible 21). Aucune de ces cibles ne peut être atteinte sans la reconnaissance et le respect des APAC, y compris celles qui sont chevauchées par des aires protégées.
Messages clés
Les lignes directrices fournissent des conseils sur la manière dont la loi, la politique et la pratique peuvent être révisées afin que les APAC et les APAC superposées puissent être reconnues selon les termes de leurs gardiens. Il s’agit notamment de reconnaître les APAC en tant que territoires conservés, lieux sacrés, biens communs gouvernés collectivement, et en tant qu’AP et AMCE gouvernées par les gardiens des APAC.
S’appuyant sur les expériences et les enseignements tirés de la reconnaissance des APAC à travers le monde, y compris huit études de cas approfondies, les lignes directrices identifient six approches/voies principales et 20 bonnes pratiques pour la reconnaissance et le respect des APAC et des APAC superposées dans les lois, les politiques et les pratiques de gouvernance et de gestion des aires protégées.
Ces voies et bonnes pratiques proposent des outils pour la reconnaissance des APAC superposées par toutes les AP existantes, à venir et en expansion, ainsi que des alternatives au maintien des superpositions existantes ou à leur création. Une grande partie de ces lignes directrices s’applique également à la reconnaissance et au respect des APAC qui sont chevauchées par des AMCE non gouvernées par des gardiens d’APAC.
Voici les messages clés de la publication :
- Les superpositions entre les APAC et les AP sont fréquentes, mais les APAC superposées sont rarement reconnues, respectées et soutenues de manière appropriée.
- La reconnaissance et le respect des APAC superposées contribuent au bien-être des Peuples Autochtones et des communautés locales et à la réalisation des objectifs tant des gardiens des APAC que ceux des AP.
- Les APAC doivent être reconnues et respectées conformément à la volonté et aux droits de leurs gardiens.
- La reconnaissance et le respect devraient maintenir ou restaurer l’intégrité institutionnelle des APAC. Cela implique que les gardiens gouvernent, gèrent et utilisent les APAC par le biais de leurs propres institutions et pratiques et conformément à leurs visions du monde ou cosmovisions, valeurs, lois et priorités.
- La reconnaissance et le respect des APAC superposées sont essentiels pour réparer et renforcer les relations entre les gardiens des APAC et les autorités de gouvernance des AP, et donc pour promouvoir la coordination et la collaboration en matière de conservation, réparer les injustices, atténuer les conflits et promouvoir la réconciliation sociale.
- Les APAC superposées peuvent être reconnues et respectées dans toutes les AP existantes, à venir et en expansion, quel que soit leur type de gouvernance en tant qu’AP de l’UICN ou leurs objectifs de gestion. Les principales approches et les bonnes pratiques pour y parvenir varient d’une AP à l’autre en raison des différents contextes et circonstances, y compris la gouvernance.
- Il existe de multiples approches/voies et bonnes pratiques permettant de reconnaître et de respecter de manière appropriée les APAC superposées, conformément à la volonté de leurs gardiens et au CLIP.
- Reconnaître et respecter de manière appropriée les APAC superposées est essentiel pour atteindre les objectifs du Cadre mondial, et en particulier les cibles 3 et 22.
Le consortium APAC et les nouvelles lignes directrices
Ce volume s’appuie sur des publications antérieures du Consortium APAC, en particulier une note de synthèse de 2016, intitulée « APAC et aires protégées en superposition : encourager les synergies en matière de conservation et la réconciliation sociale », ainsi que le rapport qui l’accompagne.
Des personnes associées au Consortium APAC ont travaillé de manière volontaire pendant six ans pour éditer ce volume, en rédiger le texte et développer les études de cas.
Parmi celles-ci figurent l’ensemble de l’équipe éditoriale (le rédacteur en chef Stan Stevens, Terence Hay-Edie, Carmen Miranda, Ameyali Ramos et Neema Pathak Broome), l’auteur principal Stan Stevens et les auteurs de toutes les études de cas (sauf une).
Les auteurs des études de cas sont : Cristina Eghenter (parc national de Kayan Mentarang, Indonésie), Irakli Goradze (parc national de Machekhela, Géorgie), Jeremy Ironside (aires protégées communautaires, Cambodge), Steven Nitah (aire protégée autochtone de Thaidene Nëné, en superposition avec la réserve du parc national de Thaidene Nëné et deux aires protégées provinciales des Territoires du Nord-Ouest, Canada), Giovanni Reyes (parc naturel de la chaîne du mont Kalatungan, Philippines).
Stan Stevens a coécrit plusieurs de ces études de cas. Il a également rédigé celles sur le parc naturel des Dolomites, en Italie, et sur l’aire du patrimoine communautaire de Mangagoulack, au Sénégal, avec la contribution de Grazia Borrini Feyerabend, Christian Chatelain et Salatou Sambou.
Télécharger la publication (en anglais) ici : https://doi.org/10.2305/RSLY2962