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Alerte : les défenseurs des droits des Peuples Autochtones et des droits humains en Tanzanie résistent à la menace d’expulsion au Ngorongoro

La communauté Maasaï du Ngorongoro vit dans la crainte d'être dépossédée de ses terres et territoires ancestraux, de perdre ses moyens de subsistance et la protection de ses défenseurs. Un groupe de défenseurs des droits humains, dont certains sont Membres du Consortium APAC, a publié une déclaration condamnant toute éventuelle expulsion et autres violations des droits humains dans l’aire de conservation du Ngorongoro

Rassemblement communautaire dans l’aire de conservation du Ngorongoro. Crédit : membre de la communauté Maasaï

First published on 02/28/2022, and last updated on 03/15/2022

Les Maasaïs du Ngorongoro en Tanzanie sont les gardiens, puissants et fiers, de leurs terres ancestrales et de leurs territoires de vie. Cependant, depuis de nombreuses décennies, ils sont confrontés à l’expulsion et à la réinstallation forcée. Actuellement, ils craignent de perdre 1 500 kilomètres carrés de leurs pâturages et de leurs terres habitables dans l’aire de conservation du Ngorongoro. Si elle aboutit, cette expulsion déplacera probablement plus de 70 000 Maasaïs et plus de 200 000 têtes de bétail. Il s’agirait d’une violation à plusieurs niveaux de leurs droits individuels, collectifs et coutumiers, ainsi que des engagement de la Tanzanie envers ses obligations nationales et internationales.

Selon un avis émis par un groupe tanzanien de défenseurs des droits humains, dont certains sont Membres du Consortium APAC, les menaces et les tentatives d’expulsion au Ngorongoro existent depuis 1992, après la promesse que ces expulsions ne se reproduiraient plus. Les droits des communautés ont été violés à de multiples reprises au cours de cette succession de menaces d’expulsion. Par exemple, suite aux manigances de l’État pour s’emparer par la force de terres villageoises dans la division de Loliondo, des personnes et leur bétail ont été tués, des maisons ont été incendiées et des biens ont été détruits.

Tout en reconnaissant la récente initiative du Premier ministre Kassim Majaliwa pour tenter d’apaiser les craintes d’expulsion, le Consortium APAC se joint au groupe tanzanien de défenseurs des droits humains pour demander instamment aux parties prenantes du gouvernement (parlement, autorité de l’aire de conservation du Ngorongoro, comité parlementaire sur l’environnement et les ressources naturelles, ministres et autres) d’abandonner les projets d’expulsion de la communauté pastorale du Ngorongoro, de respecter leurs obligations internationales en matière de droits humains et de travailler en étroite collaboration avec la communauté pour trouver une solution durable. Nous demandons également au gouvernement de la République de Tanzanie d’aborder objectivement la question et de protéger les droits des Maasaïs à vivre sur leurs terres ancestrales avec dignité et à assurer le maintien et la conservation de leur territoire – y compris de la faune et la flore sauvage qui s’y trouvent – par le biais de systèmes pastoraux autochtones.

Le Premier ministre s’adresse à la communauté dans l’aire de conservation du Ngorongoro. Crédit : membre de la communauté Maasaï

Le Consortium APAC constate avec inquiétude l’intimidation subie par les journalistes et les restrictions imposées aux autres parties prenantes dans le suivi de la situation dans l’aire de conservation du Ngorongoro. Le 3 février 2022, six journalistes ont été temporairement détenus et interrogés, accusés d’être entrés sans autorisation dans l’aire de conservation du Ngorongoro. Cette situation a suscité la peur chez les personnes qui souhaitent apporter leur soutien à la communauté, confrontée à des violations des droits humains, et chez celles qui défendent la liberté de presse et l’accès à l’information, pour les peuples de Tanzanie et ceux du monde entier.

Nous nous joignons à la communauté Massaï, aux défenseurs des droits humains et à nos Membres en Tanzanie dans leurs appels à l’action, principalement auprès du :

  1. Ministère du Tourisme et des Ressources naturelles et l’autorité de l’aire de conservation du Ngorongoro : mettre fin et abandonner immédiatement les projets d’expulsion des éleveurs pastoraux et de confiscation des terres des villages au nom de la conservation, dans les divisions de Ngorongoro et de Loliondo.
  2. Gouvernement et autorités pertinentes :
    1. Maintenir et respecter votre engagement et votre obligation de respecter et de protéger les droits des Peuples Autochtones du Ngorongoro. La protection des droits des Peuples Autochtones qui avaient été expulsés du Serengeti était l’un des objectifs de l’aire de conservation lors de sa création en 1958.
    2. Permettre aux journalistes, aux défenseurs des droits humains et aux observateurs indépendants d’accéder à l’aire de conservation du Ngorongoro afin d’assurer un suivi et une couverture objetive des événements, de recueillir des expériences et des points de vue divers (y compris ceux des aînés, des femmes et des jeunes de la communauté) et de partager des informations fiables avec les pasteurs vivant dans et autour de l’aire de conservation.
    3. Réviser la loi portant sur la création de l’aire de conservation du Ngorongoro par le biais d’un processus inclusif et participatif avec les Massaïs concernés, tout en stoppant l’expansion des activités et des infrastructures touristiques (telles que la construction d’hôtels et l’augmentation du nombre de véhicules à moteur) afin d’éviter de nouveaux conflits et déplacements.
  3. Du parlement : engager des débats parlementaires impartiaux sur la situation au Ngorongoro, fondés sur les rapports objectifs produits par la presse libre et les observateurs des droits humains, et défendre les droits et la dignité des Maasaïs en refusant de permettre la déshumanisation et la criminalisation de la communauté pour le simple fait d’exister et de pratiquer sa culture.

AGISSEZ MAINTENANT : Soutenez la communauté en signant cette pétition en ligne via Avaaz et en la partageant avec vos amis et réseaux. Ajoutez votre voix aux plus de 3 millions de personnes qui l’ont déjà signée (au moment de la publication) et aidez les dirigeants du Ngorongoro à atteindre leur objectif de 3,5 millions de signataires !

Traduction : Rachel Babin.

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