Nous appelons la communauté internationale à écouter nos voix, à reconnaître notre autorité sur ces territoires dont nous avons pris soin depuis des générations et à nous fournir les ressources nécessaires pour continuer à être les gardiens de la biodiversité
First published on 11/12/2024
Cali, Colombie, 26 octobre 2024
Nous, les protecteurs des territoires de vie, réaffirmons notre engagement pour la défense de nos territoires et cultures dans le cadre de la 16ème Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB). Au sein de cet espace international où sont abordées des questions cruciales telles que l’article 8(j), les mécanismes de financement et les plans nationaux pour la biodiversité, nous réaffirmons nos rôles en tant que leaders et détenteurs de droits dans la conservation de la biodiversité et le bien-être de l’humanité.
Nous sommes les protecteurs des territoires de vie et de la biodiversité mondiale
Comme l’indique notre manifeste pour les territoires de vie, nous avons démontré que nos pratiques, nos connaissances et nos visions du monde sont essentielles pour conserver et restaurer la biodiversité. Nos territoires de vie sont des espaces sacrés où la nature, la culture et le bien-vivre sont intimement liés et où nos pratiques ancestrales ont maintenu et protégé les écosystèmes durant des générations.
Lors de la COP 16, l’importance de notre rôle dans les négociations relatives à l’article 8(j) est reconnue. Ces discussions renforcent la nécessité de garantir notre participation pleine, équitable et effective dans la conservation de la biodiversité, en respectant et en valorisant nos connaissances traditionnelles et notre leadership dans la protection de la vie et des écosystèmes que nous habitons depuis des millénaires.
Nous exigeons des mécanismes de financement pour nos territoires de vie
Notre manifeste pour les territoires de vie exprime clairement l’urgence de disposer de mécanismes de financement pour nous permettre de conserver et de protéger nos territoires. Lors de la COP 16, nous plaidons pour la mise en place de mécanismes garantissant notre accès direct aux ressources (y compris le soutien non financier) qui sont nécessaires pour la mise en œuvre de nos stratégies de conservation et la prévention de l’exploitation et de la destruction de nos territoires.
Pour nous, l’accès au financement n’est pas qu’un simple besoin technique : c’est une question de justice. Le soutien financier pour nos efforts de conservation garantit également notre autodétermination, la pérennité de nos pratiques culturelles et notre capacité à transmettre nos connaissances aux générations futures.
Les plans nationaux pour la biodiversité : nos droits et notre participation active
Notre demande est claire : les plans nationaux pour la biodiversité doivent intégrer nos contributions et reconnaître notre rôle de protecteurs. Les stratégies et les plans d’actions doivent respecter et refléter la connexion profonde que nous maintenons entre nos territoires et la biodiversité, en nous permettant d’administrer et de gérer nos territoires selon nos valeurs et nos modes de vie.
À la COP 16, nous insistons pour que la mise à jour de ces plans se fasse de manière inclusive et transparente, en promouvant la pleine participation des femmes, des jeunes et des communautés marginalisées. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible d’atteindre les objectifs du Cadre mondial pour la biodiversité dans une approche donnant sa valeur à la diversité bioculturelle.
Un appel urgent
Notre manifeste pour les territoires de vie nous rappelle que nos territoires ne sont pas que des espaces physiques : ce sont des entités vivantes, profondément liées à nos cultures, nos langues et nos modes de vie. La protection de la biodiversité constitue également notre revendication aux droits, à la justice et à l’autodétermination. À la COP 16, nous appelons la communauté internationale à écouter nos voix, à reconnaître notre autorité sur ces territoires dont nous avons pris soin depuis des générations et à nous fournir les ressources nécessaires pour continuer à être les gardiens de la biodiversité.
Conclusion
Nous, les Peuples Autochtones et les communautés gardiennes, réitérons notre engagement pour la défense de nos territoires de vie et de la biodiversité. Nous pressons les Parties et la communauté internationale à reconnaître notre rôle essentiel dans cet effort collectif, en garantissant des mécanismes financiers justes et en adoptant des politiques qui respectent nos droits et nos connaissances. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons aller vers un futur où la justice sociale, environnementale et climatique sera garantie pour la vie sous toutes ses formes.