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Engagement pour les océans : documenter les APAC-territoires de vie marins et côtiers

En tant qu’association internationale œuvrant pour la reconnaissance appropriée et le soutien des territoires de vie à travers le monde, nous nous engageons collectivement à accompagner, en partenariat avec les communautés et les organisations de soutien à l’échelle locale et nationale, la documentation d’un nombre croissant de territoires de vie marins et côtiers au cours des cinq prochaines années

Fishpond practitioners and community members are restoring the walls of Huilua fishpond in Kahana, Oʻahu, Hawaii. Photo: Mark Lee/ KUA

First published on 06/09/2025

Par Consortium APAC

On observe souvent une association étroite entre un Peuple Autochtone ou une Communauté Locale et un territoire, une zone ou un ensemble de ressources naturelles spécifiques. Lorsqu’un tel lien entre peuple et territoire s’accompagne d’une gouvernance coutumière efficace et de la conservation de la nature, on parle d’aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire (APAC). Ces territoires, conservés par les Peuples Autochtones et les Communautés Locales, sont des territoires de vie.

Dans les milieux marins, côtiers et insulaires, cette relation inclut les droits des communautés de pêche artisanale à participer à la gestion intégrée des pêcheries à petite échelle et à en assumer la responsabilité, sur la base de la reconnaissance et de la protection de leurs droits d’accès aux ressources halieutiques.

Pour beaucoup, ce lien est une source d’identité, de culture, d’autonomie et de liberté. Il constitue également un fondement de santé, de subsistance et de bien-être collectif. C’est le fil conducteur entre les générations, qui préserve les mémoires du passé tout en tissant un avenir désiré. C’est à partir de ce lien que les communautés apprennent, identifient leurs valeurs et établissent leurs propres règles de gouvernance.

Les APAC-territoires de vie marins et côtiers sont de plus en plus reconnus comme des systèmes durables pour soutenir les modes de vie autochtones et locaux. Grâce à la reconnaissance des droits d’accès aux ressources et aux marchés pour les pêcheries artisanales, à l’équité tout au long de la chaîne de valeur, et à une gouvernance locale des pêches et de la conservation, les ressources marines sont gérées de manière durable et équitable par celles et ceux dont les moyens de subsistance en dépendent directement.

Parmi les nombreux exemples de ces territoires de vie figurent les aires marines gérées localement dans plusieurs États insulaires, les associations de pêcheurs et les aires du patrimoine communautaire au Sénégal, les zones marines de pêche responsable au Costa Rica, les aires marines et côtières des Peuples Autochtones au Chili, les zones communautaires de pêche vivrière à Hawaï, ainsi que les aires protégées et conservées autochtones au Canada.

Il existe une grande diversité de formes que peuvent prendre les territoires de vie marins et côtiers, car aucune communauté n’entretient exactement la même relation avec la mer. Ces variations d’une communauté à l’autre reflètent la vitalité des écosystèmes locaux et offrent des approches souvent mieux adaptées que les dispositifs de conservation et de gestion halieutique imposés de manière centralisée et descendante.

Avec le consentement préalable, libre et éclairé des communautés concernées, de nombreux territoires de vie peuvent contribuer au renforcement de la durabilité des pêcheries, à la gestion des écosystèmes marins et côtiers, à la réduction de la pollution marine, ainsi qu’à la conservation efficace des mangroves et des récifs coralliens. Contrairement aux aires marines protégées (AMP), qui excluent souvent les droits d’accès des Peuples Autochtones et des Communautés Locales et sont généralement créées et gérées par des entités extérieures, les APAC marines et côtières sont gouvernées localement et gérées par les communautés elles-mêmes, assurant ainsi que les bénéfices sociaux, économiques, nutritionnels et écologiques reviennent à la communauté. Les droits d’accès aux ressources et aux marchés pour les pêcheries artisanales sont au cœur de ces systèmes de gestion durable.

Un aspect essentiel de ces droits réside dans la capacité à les défendre face à des usages concurrents non durables, comme la pêche industrielle. Même dans les pays qui soutiennent les pêches artisanales et interdisent la pêche industrielle dans les zones côtières, les APAC peinent à faire respecter ces interdictions. Un effort mondial est nécessaire pour mettre en œuvre et garantir ces droits.

En tant qu’association internationale œuvrant pour la reconnaissance appropriée et le soutien des territoires de vie à travers le monde, nous nous engageons collectivement à accompagner, en partenariat avec les communautés et les organisations de soutien à l’échelle locale et nationale, la documentation d’un nombre croissant de territoires de vie marins et côtiers au cours des cinq prochaines années.

Cette documentation est menée par les communautés gardiennes et coutumières des APAC elles-mêmes. Nous veillerons à ce que nos organisations membres, les réseaux nationaux APAC et les consortiums régionaux disposent des ressources nécessaires via des mécanismes financiers supervisés par les gouvernements, les instances intergouvernementales et les bailleurs de fonds de la conservation, pour documenter leurs territoires de vie marins dans une perspective de long terme de préservation et de défense de ces territoires.

D’ici 2026, nous visons à co-créer et diffuser douze études de cas illustrant la durabilité et la défense des APAC- – territoires de vie marins et côtiers. Nous prévoyons également de documenter cinq APAC marines et côtières à l’aide du processus d’auto-renforcement des APAC, et de soutenir leur inscription dans le registre mondial des APAC d’ici 2028, puis cinq autres d’ici 2030.