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Déclaration de solidarité avec les peuples de la mer à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur les océans 2022

Le Consortium APAC demande instamment aux gouvernements et aux Nations Unies de reconnaître les territoires de vie des Peuples Autochtones et des communautés locales comme un impératif critique et une opportunité d'introduire un changement transformateur en faveur des océans

First published on 06/26/2022, and last updated on 06/29/2022

La Conférence des Nations Unies sur les océans 2022 se déroule en ce moment à Lisbonne, au Portugal, du 27 juin au 1er juillet, avec pour slogan « Sauver nos océans, protéger notre avenir ».

L’ONU reconnaît que « la conférence arrive à un moment critique où le monde cherche à résoudre bon nombre des problèmes profondément enracinés dans nos sociétés et que la pandémie de la COVID-19 a révélé, et qui nécessiteront des transformations structurelles majeures et des solutions communes partagées ». Pour inspirer et mobiliser de véritables changements transformateurs, ces forums internationaux devraient être centrés sur les Peuples Autochtones et les communautés locales qui jouent un rôle majeur dans le maintien et la défense de nos littoraux et de nos océans. La priorité de tels forums internationaux devrait être de mettre en lumière les alternatives au statu quo proposées de manière autodéterminée par ces communautés.

La Conférence des Nations Unies sur les océans est l’occasion pour les représentants des communautés de partager leurs expériences, et pour les responsables de réagir aux demandes, du niveau local au niveau mondial, en faveur de « transformations structurelles majeures et de solutions communes et partagées ».

Les cultures et les modes de vie des Peuples Autochtones et des communautés locales sont étroitement liés à leurs territoires, leurs terres et leurs eaux. De plus en plus de preuves montrent que la reconnaissance et le soutien appropriés à la gouvernance et la gestion collectives des Peuples Autochtones et communautés locales sur leurs territoires de vie aquatiques et leurs pêcheries communautaires constituent l’une des voies les plus efficaces vers la durabilité sociale, écologique et économique.

Toutefois, nos Membres ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’accès à la Conférence des Nations Unies sur les océans pour les pêcheurs artisanaux et les leaders autochtones et locaux, ainsi qu’aux opportunités limitées pour eux de participer de manière significative aux sessions officielles, aux événements parallèles dans la salle principale et aux résultats politiques attendus.

Malgré ces préoccupations, plusieurs Membres du Consortium APAC et partenaires du réseau, y compris des organisations de pêcheurs, des Peuples Autochtones et des communautés locales, ont saisi cette opportunité de participer à la conférence pour partager leurs expériences et plaider en faveur de leurs priorités autodéterminées.

En préparation de la conférence, certains de nos Membres ont apporté leurs contributions et signé l’Appel à l’action de la pêche artisanale. Pendant la conférence, le Consortium APAC et plusieurs Membres co-organiseront un événement parallèle pour faciliter le dialogue sur la conservation marine et la pêche artisanale à petite échelle. Lors de cet événement, des dirigeants communautaires et des représentants d’organisations de pêcheurs et de la société civile présenteront une vision de la conservation des océans fondée sur l’équité, la justice sociale, la durabilité et la paix.

CoopeSoliDar, LMMA Network International, Blue Ventures, MIHARI et d’autres Membres et partenaires du réseau co-organisent et participent également à plusieurs autres événements parallèles. Notre engagement dans la conférence se fera également sous forme de contributions ciblées aux dialogues interactifs, notamment concernant la gestion, la protection, la conservation et la restauration des écosystèmes marins et côtiers, la durabilité de la pêche et l’accès des petits pêcheurs artisanaux aux ressources marines et aux marchés.

Les Peuples Autochtones et les organisations des communautés locales ont le droit de participer activement, non seulement aux événements parallèles mais aussi aux sessions principales de la conférence et aux espaces de prise de décision, car des déclarations importantes y seront émises, des plans préparés et des engagements pris qui auront un impact sur leurs vies et leurs territoires.

Le droit à la participation et à l’inclusion est déjà un principe reconnu par le droit international et la politique internationale, cité entre autres dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des Peuples Autochtones et les Directives volontaires de la FAO sur la pêche artisanale. Il incombe aux organisateurs des Nations Unies et aux gouvernements de veiller à ce que ce principe soit respecté et mis en pratique lors de la Conférence des Nations Unies sur les océans et au cours des processus nationaux qui en découlent. En tant qu’association basée sur l’adhésion, le Consortium APAC est prêt à soutenir cette inclusion et cette participation de toutes les manières possibles.

Aires marines protégées et conservées : les décisions nous concernant ne se prennent pas sans nous

L’océan et tous les autres territoires de vie aquatiques sont le fondement des identités, des cultures et des modes de vie des Peuples Autochtones et des communautés locales. Malgré certains points communs, la relation de chaque communauté avec l’océan est unique. Les systèmes de gouvernance et de gestion qu’elles mettent en place et préservent sont tout aussi diversifiés et s’adaptent précisément aux spécificités de chaque écosystème.

Cette diversité et ce dynamisme font que les systèmes de gouvernance et de gestion des océans autochtones et locaux sont plus efficaces, plus équitables et plus durables que les aires marines protégées (AMP), à grande échelle et à la logique top-down, ou que d’autres initiatives de conservation par zone. Les AMP à grande échelle et à la logique top-down ainsi que les autres mesures de conservation par zone n’existent principalement que sur papier, car elles sont très loin des réalités et de la complexité de ce qu’elles sont censées protéger ou conserver.

On s’attend à ce que les AMP soient au centre de nombreuses discussions lors de la Conférence des Nations Unies sur les océans, et qu’elles soient présentées comme une « solution » majeure pour la conservation des océans. Cependant, les AMP sont souvent créées, administrées et gérées par les gouvernements et les organisations de protection de la nature (y compris les ONG multinationales) d’une manière qui exclut, physiquement et structurellement, et criminalise les Peuples Autochtones et les communautés locales, qui, par ailleurs, dépendent et préservent ces mêmes zones et ressources que les AMP prétendent « protéger ». Mais tandis que les preuves de l’inefficacité des AMP à lutter contre la pêche industrielle destructrice se multiplient, nous devons nous demander : que protègent réellement les AMP et en faveur de qui ?

Nous exhortons les gouvernements, les organisations de conservation et les bailleurs de fonds à mettre un terme aux approches inefficaces, inéquitables et non durables de la conservation côtière et marine. Il est de la responsabilité des décideurs de mettre fin aux initiatives de conservation qui portent atteinte aux droits humains et de se concentrer sur la reconnaissance et le soutien appropriés des Peuples Autochtones et des communautés locales qui gouvernent, gèrent et conservent leurs territoires de vie.

Il existe d’innombrables exemples dans le monde entier de Peuples Autochtones et de communautés locales qui préservent leurs cultures et leurs moyens de subsistance grâce à une conservation efficace de leurs aires et territoires.

Dans de nombreux pays, ils parviennent également à obtenir un soutien politique, juridique et institutionnel de la part des gouvernements nationaux. Parmi de nombreux exemples, citons les aires marines localement gérées dans plusieurs nations insulaires, les associations de pêcheurs et les aires conservées par les communautés au Sénégal, les aires marines de pêche responsable au Costa Rica, les aires marines et côtières des Peuples Autochtones au Chili, les zones de pêche de subsistance communautaire à Hawaï et les aires protégées et de conservation autochtone au Canada.

La confiance et la participation publiques assurent l’efficacité et la légitimité de ces mesures de conservation, et les bénéfices sociaux, économiques et écologiques sont appréciés par tous.

NOTE POUR LES MÉDIAS

Les pêcheurs, les représentants des organisations de pêcheurs, les dirigeants de communautés autochtones et locales et les organisations de la société civile sont disponibles pour des interviews et d’autres événements médiatiques. Veuillez contacter notre Coordinateur de la communication, Mohammad Arju, par mail : arju [at] iccaconsortium [dot] org ou via Signal et WhatsApp : +8801714076147.

Contacts des Membres du Consortium APAC participants et des partenaires du réseau par région.

Pour les participants de la Mésoamérique (dont Costa Rica, Panama, Honduras et Mexique) :
Vivienne Solis Rivera
CoopeSoliDar (Membre du Consortium APAC)
vsolis@coopesolidar.org

Pour les participants du Chili :
Luciano Hiriart-Bertrand
Costa Humboldt (Membre du Consortium APAC)
l.hiriartbertrand@costahumboldt.org 

Pour les participants de l’Asie Pacifique (dont Fiji, Philippines et Indonésie) :
Hugh Govan
LMMA Network International (Membre du Consortium APAC)
hgovan@gmail.com

Pour les participants de l’Afrique (dont Madagascar, Sénégal et Tanzanie), du Royaume-Uni et de l’Europe :
Annie Tourette
Blue Ventures (Membre du Consortium APAC)
annie@blueventures.org 


À PROPOS DU CONSORTIUM APAC

Le Consortium APAC est une association internationale qui compte actuellement plus de 200 organisations Membres et près de 450 Membres d’Honneur individuels, tous unis pour une mission commune : soutenir les Peuples Autochtones et les communautés locales dans leurs revendications pour leurs terres, eaux et territoires de vie collectifs et en faveur des droits, de la justice et de l’équité dans le domaine de la conservation.