First published on 09/08/2019, and last updated on 09/25/2019
Par Joseph Itongwa Mukumo, Coordinateur régional du Consortium APAC pour les écosystèmes forestiers d’Afrique centrale.
Les 4 et 5 septembre, Brazzaville, la capitale de la République du Congo, a accueilli 30 représentants d’organisations de peuples autochtones et de communautés locales. Ils étaient réunis pour une formation visant à renforcer les capacités autour du concept d’APAC, à travers un atelier technique. L’atelier a été soutenu par le Consortium APAC dans le cadre du Projet GSI, et facilité par Joseph Itongwa, Coordinateur régional en charge des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale.
Cet atelier a ainsi permis de renforcer l’engagement des acteurs de la défense des droits des peuples autochtones dans le pays, qui manifestent, depuis quelques années, un intérêt croissant pour la promotion et le renforcement des APAC.
Après deux ateliers sous-régionaux du réseau des populations autochtones pour la gestion durable des écosystèmes forestiers en RD Congo (REPALEAC), au cours desquels le concept APAC avait été expliqué, un point focal national a été désigné. Ce qui correspond au processus de régionalisation lancé par le Consortium APAC, il y a deux ans, qui contient l’instauration de point focaux nationaux.
Une APAC emblématique potentielle vient d’être identifiée en République du Congo, dans le département de Likouala, autour du lac Mboukou. Il fait partie du patrimoine et de la propriété traditionnelle des peuples autochtones Badzambas. Selon un relevé de données inscrites sur une carte géoreférencées des forêts de cette région et réalisées en 2018, le lac Mboukou et les villages avoisinants présentent un paysage riche en biodiversité et la possibilité d’observer plusieurs types d’animaux depuis les villages.
C’est notamment un lieu de passage annuel pour les éléphants, qui traversent le corridor reliant le lac Tumba et le lac Télé en mars et avril. On y trouve une grande variété d’espèces d’oiseaux, dont plusieurs espèces d’aigles et de marabouts, une grande richesse halieutique, ainsi que de nombreux mammifères et reptiles. L’endroit serait parmi les plus rares de ce type au Congo et parmi les mieux préservé des pressions, grâce à une tradition de conservation de la nature. Ainsi, certains endroits de cette APAC ne connaissent pas encore la présence humaine. Les autochtones Badzambas conservent cet espace eux-mêmes, sur la base de règles traditionnelles caractérisées par l’utilisation durable, le contrôle et les sanctions.
Au cours de l’atelier, les participants ont bien accueilli le concept et ont indiqué que les APAC constituent une grande opportunité au Congo. Elles pourraient notamment permettre de renforcer le dialogue avec l’Etat pour la reconnaissance des efforts de conservation des communautés, ainsi que pour la sécurisation de leurs terres et territoires traditionnels.
Au Congo Brazzavile, les APAC sont une réalité tangible, et plusieurs sites potentiels existent à travers le pays. L’arsenal juridique national offre par ailleurs des possibilités pour leur reconnaissance. Il est en effet le seul pays d’Afrique centrale qui ait adopté une loi spécifique pour la promotion et la protection des droits des peuples autochtones, ce qui constitue une assise juridique solide pour la reconnaissance légale des APAC, à travers certaines dispositions garantissant le droit à la terre.
A la fin des ces assises, les participants ont émis les recommandations suivantes concernant les actions à mener à court terme :
- Organiser un atelier national engageant plusieurs parties prenantes et en particulier les délégués des communautés de base.
- Mener une analyse juridique nationale approfondie en vue de trouver une meilleure voie de sécurisation des APAC.
Photo de courverture © Joseph Itongwa Mukumo.